Côte d’Ivoire : la communauté libanaise, cible de la désinformation des activistes pro-juntes sahéliennes

La communauté libanaise de Côte d’Ivoire sous le coup d’une campagne de harcèlement en ligne : depuis le début du mois de novembre, des détracteurs numériques accusent sur les réseaux sociaux cette diaspora, d’environ 100 000 ressortissants, la plupart chiites, de vivre en autarcie, d’être corrompue et raciste. Selon une étude publiée le 6 novembre par Afriques connectées, une agence basée à Abidjan, spécialisée dans le conseil et l’analyse numérique sur le continent, cette campagne est orchestrée par des comptes et profils soutenant les juntes au pouvoir au Burkina Faso, au Mali ainsi qu’au Niger, rassemblées au sein de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), qui entretiennent des relations conflictuelles avec Abidjan et Paris.


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Les Libanais de Côte d’Ivoire ciblés par une campagne de fake news

Selon les conclusions d’une enquête du site afriquesconnectees, publiée le 6 novembrela Côte d’Ivoire est particulièrement visée par des « tentatives de déstabilisation digitales » menée par une nébuleuse de comptes reprenant peu ou prou les mêmes thématiques, et les mêmes mots. La technique déployée semble relever d’une stratégie coordonnée : en attisant les débats sur les sujets de société potentiellement les plus clivants, ces comptes cherchent à diviser l’opinion publique ivoirienne. 


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Libanais de Côte d’Ivoire, une polémique lancée par les pro-AES ?

Face à une montée d’attaques en ligne visant à polariser l’opinion publique à moins d’un an de la prochaine élection présidentielle, la Côte d’Ivoire fait face à des débats houleux autour de questions sociétales sensibles, comme l’homosexualité ou l’influence des communautés étrangères. Malgré les efforts des autorités ivoiriennes pour endiguer ces manipulations numériques, le phénomène persiste et s’étend, touchant désormais la communauté libanaise du pays.

Une première salve d’attaques en ligne visant les “woubis”

Fin août, des comptes pro-AES et pro-russes ont eu un effet amplificateur important, si ce n’est déclencheur, sur l’émergence de discussions en ligne autour des homosexuels, les “woubis” en nouchi, en Côte d’Ivoire. Ces comptes avaient poussé une discussion lancée sur la question par l’influenceur ivoirien Camille Makosso, qui avait suscité une forte visibilité avant que son compte soit suspendu par TikTok. Les pro-AES désignent alors la Côte d’Ivoire comme le “woubiland”, et accusent les autorités du pays de favoriser les comportements homosexuels dans la société. Le sujet est ensuite récupéré par les Ivoiriens sur les réseaux sociaux. 

Cette séquence est un précédent notable : des débats d’opinion publique ivoirienne ont été en grande partie initiés par des comptes malveillants adeptes des fake news, souvent étrangers, qui se sont servis de sujets sociétaux totems dans l’objectif de déstabiliser le pays. Les discussions en ligne ont rapidement dépassé le cadre des réseaux sociaux pour donner lieu à des actions hors ligne : une manifestation a été organisée et plusieurs agressions physiques ont été relevées. 

La Côte d’Ivoire, particulièrement visée par les tentatives de déstabilisation digitale

Une seconde séquence du même acabit, dont l’impact n’est – pour le moment du moins – pas aussi important que celle sur les “woubis”, qui illustre la capacité des comptes pro-russe et pro-AES à s’ingérer dans les débats publics nationaux ivoiriens, voire à les lancer. Cette dynamique pourrait s’avérer dangereuse à quelques mois de l’élection présidentielle ivoirienne, alors que la Côte d’Ivoire semble être une cible croissante des attaques en ligne venant des pays voisins. 

Si les autorités ivoiriennes semblent avoir saisi l’ampleur du danger et tentent d’y faire face à travers la mise en place de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, chargée de veiller à la cybersécurité du pays, et le lancement d’une campagne “En ligne tous responsables” qui vise à sensibiliser les populations contre les fausses informations, la même mélodie semble se jouer depuis quelques jours autour d’une nouvelle cible : la communauté libanaise de Côte d’Ivoire.

La communauté libanaise en Côte d’Ivoire, nouvelle cible des pro-AES

Mi-octobre, des comptes pro-AES commencent à publier des posts critiques à l’encontre des Libanais en Côte d’Ivoire, dans un mouvement qui semble coordonné. Le Burkinabè Ibrahima Maiga, influenceur pro-junte aux 975 000 abonnés sur Facebook, soutient qu’Abidjan est un “centre majeur de soutien financier au Hamas et au Hezbollah” et décrit le fait que le Président ivoirien importerait “la guerre du Liban en Côte d’Ivoire”. Il affirme que des talkie-walkies ont mystérieusement explosé à Abidjan au même moment qu’au Liban. Esprit Africain et J’aime mon pays le Burkina Faso, deux pages Facebook administrées depuis le Burkina Faso, relaient les mêmes captures d’écran d’un article du Monde Afrique en avançant que le Mossad “exige des explications des autorités ivoiriennes [qu’il] soupçonne d’héberger des combattants du Hezbollah”. 

D’autres pro-AES conspuent les positions économiques et l’influence de la communauté libanaise dans le pays. L’avatar favorable aux juntes de l’AES et adepte des fake news @DelphineSankara met en garde les Ivoiriens, en mentionnant des comptes ivoiriens influents pour s’assurer que son tweet sera lu par sa cible : “Un beau matin, vous allez vous réveiller sur votre Terre Ancestrale qui appartient désormais aux Étrangers”. Dans un post comptabilisant près de 500 000 vues, @lafriqueauxafricainns lance sur TikTok une ”alerte urgente” au sujet des réfugiés libanais qui arrivent en Côte d’Ivoire. Reprenant le pro-AES @bagouel11, le Burkinabè @LassaneZalle1 affirme que les Ivoiriens sont responsables de la situation et ajoute “bientôt les Libanais vont se charger de vous”.

Dans une vidéo largement reprise au-delà de son compte, notamment par l’Ivoirienne @aicha1212a, le Malien “Général Chico” tempête contre l’interdiction faite aux femmes africaines d’accoucher sur le sol libanais. Un sujet qui a fait réagir dans un autre pays, en pleine période électorale lui aussi : l’opposant sénégalais Tahirou Sarr promet d’interdire aux Libanaises d’accoucher au Sénégal. 

Deux semaines après ses premiers posts, l’influent I. Maiga jubile, et pour cause : le sujet est passé des sphères de propagande des juntes de l’Alliance des Etats du Sahel aux sphères ivoiriennes en ligne.  

Un sujet qui s’immisce dans les conversations en ligne des Ivoiriens

En quelques jours, la discussion sur la place de la communauté libanaise s’exporte au-delà de ces cercles militants pour être discutée par des Ivoiriens, avec un pic le week-end du 2 et 3 novembre, renforcée par une rumeur faisant état d’une “arrivée massive de Libanais en Côte d’Ivoire”. 

Le rapatriement de Libanais en Côte d’Ivoire à la suite des bombardements israéliens au Liban suscite de l’animosité et des inquiétudes, faisant réagir des personnalités de l’opposition comme Jean Bonin Kouadio du FPI. Plusieurs comptes camerounais s’invitent dans ces discussions, certains avancent le chiffre de 250 000 immigrants libanais qui “décident d’envahir la Côte d’Ivoire” ; une statistique que remettent en question des Ivoiriens

La situation des Ivoiriens noirs au Liban attise également la colère de ces derniers, de même que le “laisser-aller” des autorités ivoiriennes vis-à-vis des Libanais qui profiteraient en retour des largesses du pays. L’Ivoirien @choupapyziza, qui avait été prolixe pour dénoncer l’homosexualité en Côte d’Ivoire, s’emporte contre les Libanais présents dans le pays : “C’est à nous, les Noirs qui vous avons accueillis, que vous faites du mal toujours (…) il faut voir comment vous maltraitez nos sœurs chez vous au Liban” – une vidéo vue plus de 660 000 fois sur son compte TikTok, et 57 000 fois sur le compte X d’un Camerounais coutumier des attaques contre les Libanais à Abidjan. L’opposant ivoirien Hamed Koffi Zarour, du PDCI-RDA, dénonce “le manque de respect” des Libanais envers les Ivoiriens tandis que le pro-Gbagbo Zigui lance une forte charge contre la communauté et sous-entend que seul L. Gbagbo “peut faire changer tout cela”.  

Plus mesuré, l’influent @gnral.ose.lorigin revendique les qualités d’accueil des Ivoiriens tout en les mettant en garde contre “l’ivoirité” et le racisme qui en découle. Il appelle les influenceurs libanais à réagir pour dénoncer les violences que font subir leurs compatriotes aux Africains. Un souhait partagé par l’Ivoirien @blackstonevevo, libanais par son père, qui affirme que “la Côte d’Ivoire a peur que cette vague d’immigrés envoie des personnes de mauvaise intention ici”. D’autres, comme Big Dahou Officiel, relaient une archive vidéo de feu F. Houphouët-Boigny qui s’exprime en 1985 au sujet de la communauté libanaise et de son impact globalement positif pour le pays. 

Le compte ivoirien @le_brouteur (330K abonnés) s’essaye pour sa part à une touche d’humour, peu appréciée dans les commentaires et les citations ; certains dénonçant une “fixette” sur un “sujet inventé par les soûlards des maquis, certains xénophobes et des gens qui dénigrent la Côte d’Ivoire”. 

La déclaration de l’influent C. Makosso, qui affirme à Life Magazine qu’il “préfère un Libanais qui participe à l’économie de [son] pays qu’un Ivoirien paresseux qui passe sa vie sur TikTok” et défend l’immigration des Libanais – preuve selon lui de la “stabilité de la Côte d’Ivoire” -, est dénoncée sur TikTok par @mohaaa__26. Celui-ci le soupçonne d’avoir reçu de l’argent pour soutenir les Libanais : “je sais pas tu as reçu combien mais il faut me stopper ça !”. 

@89momo1, favorable au Président, dénonce les manœuvres de l’opposition qu’il accuse de “dramatiser” le sujet, après avoir manipulé le sujet des “woubis”, pour “créer un conflit ethnique en Côte d’Ivoire” et “créer la zizanie” en pleine période d’enrôlement des citoyens sur les listes électorales. Dans la même veine, l’administrateur de la page Facebook Lc communication bis 2 dénonce l’implication des militants de G. Soro et L. Gbagbo pour faire monter la polémique sur la communauté libanaise, après avoir été actifs dans l’affaire des woubis, espérant susciter la colère contre A. Ouattara. 

Un buzz en chassant un autre sur les réseaux sociaux, la récente “affaire Balthasar” – du nom du Directeur général de l’Agence nationale d’investigation financière de Guinée-Équatoriale qui aurait eu des relations sexuelles, vidéos à l’appui, avec plusieurs centaines de femmes influentes dans le pays – pourrait bien calmer le débat sur les Libanais en Côte d’Ivoire. Particulièrement impliqué sur les sujets critiques envers la Côte d’Ivoire et son Président A. Ouattara, @SackoHamzaof est le créateur du compte X @silboyofficiell, “Histoires d’Afrique”, lui aussi actif sur le cas des Libanais en Côte d’Ivoire. Ce Malien pro-AES entend lutter pour maintenir ce sujet dans les discussions ivoiriennes : « restez concentrés sur l’affaire des Libanais dans votre pays. Les affaires des Balthazar, c’est un bad buzz inutile. ».

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En reportant la présidentielle, Macky Sall réveille #FreeSenegal

En moins de 24 heures, le hashtag #FreeSenegal est remonté en flèche dans les tendances sur X (anciennement Twitter). Un hashtag « en majeure partie couplé au terme “coup d’État” », note le site Afrique Connectées, qui, dès dimanche 4 février, recensait plus de 20 000 tweets à la mi-journée. Vingt-quatre heures plus tard, on pouvait recenser plus de 200 000 tweets portant la mention #FreeSenegal… Et ce, malgré l’annonce de la coupure du réseau internet mobile à la demande des autorités, après les heurts provoqués par l’annonce du report de la présidentielle par Macky Sall.

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#VisitCongo : campagne d’influence ou opération de greenwashing ?

Le 21 octobre, la République du Congo a lancé la campagne d’influence digitale #VisitCongo, également focalisée autour du hashtag #LandOfOpportunities, une opération d’envergure pour promouvoir le patrimoine touristique du pays, alors que se tenait le Sommet des 3 Bassins du 26 au 28 octobre à Brazzaville. 

Une trentaine d’influenceurs spécialisés en tourisme issus de pays africains, francophones pour la plupart, et de France ont été invités par les autorités congolaises à visiter – et évidemment promouvoir sur les réseaux sociaux – des sites naturels au potentiel touristique fort pour le pays. 

Nombre d’impressions et de likes par post, sur Instagram, TikTok et X (Twitter)

Une hausse de 2 040% du nombre d’impressions par post sur Instagram, de plus de 12 500% du nombre de likes par post sur Instagram et quasi 1000% d’augmentation du nombre de likes par post sur TikTok : de prime abord, la campagne est un succès. Mais à y regarder de plus près, elle pâtit de plusieurs écueils. 

Pour son analyse, Afriques Connectées a collecté, grâce à son partenaire ​​Visibrain – outil de veille des réseaux sociaux, 327 posts Instagram (6,9 millions d’impressions), 75 TikToks (834K vues) et 1 363 tweets (7,5 millions d’impressions) du 11 au 31 octobre. 

Une opération de visibilité réussie

D’un point de vue quantitatif, la campagne est une réussite. En 10 jours, elle a généré 84 000 likes sur Instagram et 87 000 sur TikTok, et enregistré près de 6 millions d’impressions sur Instagram quand le pays bénéficiait de 255 000 impressions dans les 10 jours qui l’ont précédée. Les influenceurs se sont attelés à valoriser les paysages et la culture du pays auprès d’audiences particulièrement ouvertes à ces thématiques. Le compte Instagram @visitrepublicofcongo a été spécialement créé pour centraliser les contenus produits dans le cadre de la campagne, et capter les audiences des influenceurs : il est parvenu à engranger plus de 4 000 abonnés durant l’opération, une réussite pour le lancement d’un compte de ce type en quelques jours. 

Alors que la campagne a été principalement francophone, avec des créateurs de contenus venus entre autres de Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Gabon ou encore de France, c’est le post de l’influenceuse anglophone Priscilla Ajoke Ojo qui est le plus liké. 

Originaire du Nigéria, @its.priscy est aussi celle qui détient la communauté la plus importante parmi la trentaine d’influenceurs mobilisés : 2,4 millions de followers. 

Malgré ses 4,4 millions de followers, le compte média anglophone @nwe, lui, ne parvient pas à susciter d’engagement important sur ses posts relatifs à l’opération malgré sa communauté habituellement engagée.

Très actif et proche de ses fans, Prince Edja est l’influenceur le plus engageant sur TikTok. Sa vidéo sur le fleuve Congo, qui sépare Brazzaville de Kinshasa, a généré près de 340 000 vues, 27 000 likes et 1 300 commentaires. La majesté et la dangerosité du fleuve Congo font réagir sa communauté.

@prince_edja

« 🌍 Saviez-vous que les capitales congolaises, Kinshasa et Brazzaville, sont incroyablement proches l’une de l’autre ? Mais ce qui les sépare sont les majestueux rapides du fleuve Congo, créant un spectacle naturel à couper le souffle. 💦 Une proximité unique qui témoigne de la grandeur de notre continent africain. #CapitalesCongolaises #RapidesDuCongo #NatureImpressionnante #visitcongo #landofopportunities #africa #tourisme #princeedja

♬ son original – Stone_danseur

Les publications valorisant le Pont du 15 août de Brazzaville génèrent de nombreuses discussions, notamment des comparaisons avec le pont Alassane Ouattara à Abidjan dans les commentaires des posts de Prince Edja qui est par ailleurs ambassadeur touristique de la Côte d’Ivoire. 

La culture locale, notamment le phénomène de la Sapologie, donne lieu à de nombreuses réactions positives.

L’influenceur et humoriste ivoirien Stéphane Sacré a également enregistré de nombreuses vues, près de 230 000 lorsqu’il filme son arrivée dans sa chambre d’hôtel à Brazzaville. Ses abonnés saluent la beauté de la ville bien que la plupart d’entre eux se focalisent davantage sur la personnalité de l’influenceur.

Ce constat est transposable aux commentaires sous les posts de Flora Coquerel, de Sophie Tankou ou de Prince Edja : la majeure partie est consacrée à leurs personnes propres, avant la promotion du pays pour laquelle ils sont missionnés.  

…qui n’a pas été exempte de critiques

Sur TikTok d’abord, la séquence a donné lieu à un débat houleux quant à la différence de traitement accordé aux créateurs de contenus congolais par rapport à leurs homologues étrangers sollicités pour la campagne. 

@monsieur.geraud

Réponse à @dieuzontraigure le mécontentement des influenceurs Congolais #viral #propagande #pourtoi #sommet3bassins #unionafricaine #pointenoire #brazzaville #visitcongo🇨🇬 #respect #congo #rdc #influenceurscongolais @𝓜𝓮 🖤 @Mwana mboka🇨🇬 @Étoile d’état🌟

♬ Beethoven Moonlight Sonata-High Sound Quality – Amemiya

Les influenceurs nationaux auraient ainsi été rémunérés à hauteur de 250 000 FCFA pour leur participation au Sommet des 3 Bassins, tandis que les influenceurs étrangers auraient touché 10 millions pour leur valorisation des richesses du pays. 

Les créateurs de contenus du Congo n’auraient par ailleurs été sollicités qu’à quelques jours de l’ouverture du Sommet, contrairement à leurs homologues de l’étranger dont la venue a été préparée sur plusieurs semaines. 

https://www.tiktok.com/@arnaudced1/video/7294642607752236294

Cette fronde est principalement portée par les influenceurs congolais, qui dénoncent une injustice et un manque de considération de la part de leurs autorités, et renforcée par des internautes nationaux qui estiment que le gouvernement est plus enclin à valoriser les étrangers que ses compatriotes. 

En trame de fond, un véritable risque d’image pour le pays

Bien que Twitter n’ait pas été un réseau fortement investi par les influenceurs pour déployer la campagne, le réseau a été un vecteur de critiques importantes. 

Ces réactions à l’opération déployée sur Instagram et TikTok mettent l’accent sur la situation du pays et de ses populations, des critiques politiques fortement reprises et relançant un hashtag très utilisé au Congo : #ChezMoiAuCongo. Ce hashtag est habituellement utilisé par les Congolais pour mettre en évidence avec ironie des situations “rocambolesques”, des dysfonctionnements propres au pays, avec en lien une critique non-voilée du monde politique national.

Twitter, dont l’ADN repose sur la controverse et le débat, devient le canal de critiques principal pour alerter l’opinion publique internationale sur la réalité du pays, éloignée des éléments de communication de la campagne, accusée d’être une opération de “green washing”.

Certains, à l’instar de Paola Audrey, dénoncent une opération de propagande politique en faveur du chef de l’État.

https://twitter.com/PaolaAudrey/status/1717082776095105315?t=0bX1FAQ6UEfVMJ4H9uN9Wg&s=19

Les sujets de la préemption des ressources du pays et de la corruption sont également un axe de discours fort parmi les critiques, deux thématiques relancées à l’aune de la campagne.

L’absence de reconnaissance des talents nationaux par les autorités congolaises à l’origine de la campagne est, comme sur TikTok, un discours populaire sur Twitter.

Enfin, des critiques ont émergé sur les valeurs de la promotrice de la campagne, la communicante @Scheenadonia, qui a déçu certains de ses soutiens estimant qu’elle a trahi ses valeurs et combats passés en ayant accepté de travailler avec les autorités congolaises. 

Les créateurs de contenus congolais sont également critiqués sur ce point. 

@davido_de_brazza

@Davido de Brazza @Propheté emilio lacass 🎶 @The_milk 🥛 @PRINCE DE LA VÉRITÉ @dada mbappé la danseuse 💃 @Paterne Maestro @Lema_Officiel @Bioman_officiel @Swaanty Officiel #vuelos #davidoofficial

♬ son original – Davido de Brazza

En résumé

Si la campagne #VisitCongo est une réussite en termes de visibilité, elle présente toutefois quelques impasses. 

Pas suffisamment inclusive avec les influenceurs nationaux, elle a donné lieu à un flot de mécontentement nuisible à la réputation du pays. Deuxième écueil : ne pas avoir investi Twitter, laissant de facto le champ libre à un discours critique sans contre-argument. 

Enfin, la question de l’impact de la campagne reste entière. Que restera-t-il de celle-ci dans les mois à venir ? Le compte @VisitRepublicOfCongo continuera-t-il à être alimenté sans les contenus des influenceurs internationaux et sans avoir intégré les créateurs congolais ? Ajoutons également que le choix des hashtags semble hasardeux, entre confusion avec la République Démocratique du Congo voisine pour le hashtag #VisitCongo et manque d’identification avec le hashtag très générique #LandOfOpportunities.

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Discours d’E. Macron sur l’Afrique : un grand-écart diplomatique mis à nu sur les réseaux sociaux

Le 27 février, le Président Emmanuel Macron présentait sa nouvelle stratégie pour l’Afrique, à la veille de sa tournée en Afrique centrale et de sa participation au One Planet Summit au Gabon. Le discours du chef d’État autour de ce “nouveau partenariat Afrique-France” a été reçu avec un écho important sur les réseaux sociaux d’Afrique francophone. Loin des espoirs français d’apaiser les relations entre la France et les citoyens africains, les mots d’Emmanuel Macron ont rencontré en ligne une farouche critique, portée par des influenceurs engagés au long court contre l’influence française sur le continent. 

Afriques Connectées a collecté, grâce à son partenaire ​​Visibrain – outil de veille des réseaux sociaux, et analysé plus de 40 000 tweets et 3 200 posts Facebook publics, ainsi qu’une dizaine de vidéos TikTok, tous publiés depuis la veille du discours du Président français.

#FranceDégage : la stratégie militaire de la France âprement décriée

La présence militaire française sur le continent constitue la pierre angulaire des critiques des internautes africains, notamment sur Facebook, où de nombreuses vidéos d’analyses sont publiées et largement commentées et partagées  : 

Les journalistes et experts français évoquent l’insistance des militaires opposés à la fermeture des bases françaises comme raison de leur maintien sur le continent.  

@guerrier_silencieux TIKTOK à supprimé cette vidéo hier. Je la mets à nouveau, @Thomas Dietrich semble déranger par ses investigations et sa connaissance géopolitique/géostratégique de l'Afrique. #thomasdietrich #afrique #afriquetiktok #macron #macronemmanuel #emmanuelmacron #france #france🇫🇷 #vivelafrance #vivelafrance🇫🇷 #cameroun #camerountiktok🇨🇲 #camerountiktok #senegal #senegalaise_tik_tok #senegaltiktok #senegal_tiktok221 #mackysall #ousmanesonko #ousmanesonko2024🇸🇳 #ousmanesonkoprésident #paulbiya #paulbiyamacron #paulbiyamustgo #panafricanism #panafricanisme #afriqueresurrection #viral #tiktok #viralvideo #viralvideos #blacklivematter #m23 #franceafrique #neocolonialism #neocolonialisme #colon #congolaise🇨🇩 #felixtshisekedi #republiquedemocratiqueducongo🇨🇩 #france #france🇫🇷 #vivelafrance ♬ son original – Kamau_SOILIHI

Sur Twitter, le mot d’ordre “France dégage” est particulièrement prégnant dans les commentaires d’internautes qui entourent le discours du chef d’État français. 

La fin de la Françafrique passée au tamis du double langage diplomatique français ? 

Le double langage diplomatique français suscite crispation et exaspération parmi les internautes. Une vidéo TikTok ayant généré plus de 230 000 vues affirme que le discours d’Emmanuel Macron sur la défense des intérêts français est “clair” mais repose sur des “contradictions” entre la pensée du Président et la méthode qu’il cherche à employer. 

@flowfable Macron Tournée Afrique. Mer 01 février #macron #viralvideo #pourtoi #viraltiktok #viral #afrique #tourneeafriquemacron #tiktokalger #tiktokalgerien🇩🇿 #tiktokmarocco #tiktoktunisia🇹🇳 #tiktokafrique🇹🇬🇨🇩🇨🇮🇧🇯🇬🇦🇨🇲🇬🇦 #tiktok #afriquecentrale #fyp #tiktokguinée🇬🇳 #tiktokfrance🇫🇷 #tiktokmali🇲🇱🇲🇱00223😘😘 #tiktokmondial🌍🌏🌎 #armeefrancaise🇫🇷 #soninkara🇸🇳🇲🇱🇲🇷🇬🇲🇬🇳 #africain #africaine #reality #realitedelapolitiquefrancaise #tiktoksenegalais #obx #fracais #francaise #francaise🇨🇵 #sport #art #flowfable #veriterdevoiler #mensonge #reels #realitefrançaise ♬ Suspense, horror, piano and music box – takaya

Les journalistes français sont également nombreux à pointer le manque de “cohérence” entre la position diplomatique française et ses actes. Un ancien diplomate français affirme « Avant de donner des leçons, il faut d’abord être sûr qu’on est en légitimité de les donner. »

Les internautes estiment que ce discours repose sur “une pratique et une dimension colonialistes”. Ils font abondamment référence aux écarts entre la parole diplomatique française et les actes menés par la France sur le continent. Le ton jugé “paternaliste” du Président Macron cristallise les critiques, un paternalisme que beaucoup ont également vu dans la photo des chefs d’État français et gabonais, assis côte-à-côte. 

Le soutien français en avril 2021 à un “coup d’Etat constitutionnel” au Tchad est un élément très relayé pour fustiger le grand écart diplomatique de la France et sa volonté de préserver son influence dans ses anciennes colonies. 

L’implication de la France dans la réforme du Franc CFA, vieux serpent de mer de la lutte anti-Françafrique, est également considérée comme une énième ingérence de la France dans les politiques de ses anciennes colonies, une atteinte à la souveraineté de ses pays.  

Fally Ipupa, accusé d’être un agent de l’instrumentalisation française 

Au-delà des réactions au discours du Président, la colère des internautes africains s’est dirigée vers le chanteur congolais Fally Ipupa, invité par Emmanuel Macron à assister à sa prise de parole. 

La critique de sa présence à l’Élysée rassemble un public anti-impérialiste vaste, derrière les propos de l’influenceur panafricaniste Kemi Seba, lequel dénonce la volonté française d’instrumentaliser les artistes africains appréciés de la jeunesse pour mener son entreprise néocoloniale. 

Les réactions très vives à l’encontre du chanteur se sont transposées des réseaux sociaux – son tweet est le 2ème le plus relayé et commenté après celui de Kemi Seba – à la rue, puisque son domicile à été saccagé à Kinshasa quelques heures après la publication des photos le montrant aux côtés du Président français. 

À travers Fally Ipupa, c’est la posture de la France et sa supposée complaisance à l’égard du Rwanda de Paul Kagamé accusé d’être complice des forces rebelles du M23 sévissant à l’est du Congo, qui est attaquée.

Sur Twitter, les comptes congolais ont été particulièrement actifs pour commenter le discours puis la tournée du Président français en Afrique : c’est le deuxième pays ayant le plus commenté le discours (4% des comptes ), après la France (19%), et devant le Sénégal (1,5%). Sur Facebook, ce sont le Mali (7,5% des posts) et le Sénégal (7,3%) qui se distinguent spécialement. 

Un soutien très minoritaire

À contrepied de l’opinion critique majoritairement émise à l’encontre du discours du Président Macron, quelques internautes défendent la position de la France et s’opposer aux critiques qui lui sont adressées. Ces derniers dénoncent “des dirigeants médiocres sans vision percutante”, qui seraient les véritables responsables des maux attribués à l’ancien colon.

Côté français, le discours d’Emmanuel Macron semble n’avoir été soutenu qu’à la marge par des comptes politiques ou de la société civile. Les ambassadeurs français Sylvain Itté et Anne-Sophie Avé, pourtant prompts à monter au front digital pour défendre l’image de la France contre ses détracteurs depuis que le Quai d’Orsay a mis en place une stratégie numérique plus offensive, sont pour leur part restés discrets.

https://twitter.com/sirasylla76/status/1631332303833112591?s=20

En son nom, le Président a centralisé toutes les critiques, des critiques anciennes et persistantes adressées à la France sur son approche africaine. 


Ainsi, à la “nouvelle stratégie africaine de la France” sont opposés les mêmes arguments qui drainent la lutte contre la Françafrique sur les réseaux sociaux et qui semblent nourrir la peur presque paranoïaque des autorités françaises vis-à-vis de la montée d’un “sentiment anti-français” qui serait manipulée en ligne par des agents extérieurs.

Ce contre-discours critique émerge de façon unanime et efficace, porté par des comptes activistes engagés et influents à l’instar des incontournables Kemi Seba et Nathalie Yamb, mais aussi des comptes plus confidentiels comme @FarafinaW ou @Amir_Nourdine, qui n’enregistrent pas moins de visibilité pour autant. La portée et la lisibilité du discours d’Emmanuel Macron en sortent presque réduites à néant, tant il n’a unanimement pas convaincu des internautes africains pas dupes vis-à-vis des discours diplomatiques français sur l’Afrique, la parole diplomatique demeurant bloquée au poids de l’histoire, à l’épreuve des actes présents. 


Retrouvez toutes les études d’Afriques Connectées sur notre Lab :


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#ChanelDakar : coup d’éclat durable ou effet de mode ?

Les stars internationales au défilé Chanel à Dakar

Un défilé Chanel à Dakar, voilà de quoi créer la surprise et enflammer les réseaux sociaux d’Afrique de l’Ouest, peu coutumiers de ce type d’événement sur le continent. La maison de luxe a surpris en organisant, début décembre, son défilé Métiers d’art dans l’enceinte de l’ancien palais de justice de la capitale sénégalaise, bâtiment désaffecté qui accueille notamment les biennales d’art de Dakar. 

Avec cet événement, Chanel devient la première marque de luxe à dévoiler une collection en Afrique subsaharienne. Les stars internationales habituées des défilés, à l’instar de Naomi Campbell, Pharrell Williams et Rossy de Palma, y ont côtoyé de nombreux artistes et créateurs du Sénégal, comme le modèle et photographe Malick Bodian, le rappeur Nix ou encore l’actrice Rokhaya Niang.

Afriques Connectées revient sur l’événement vu à travers les réseaux sociaux. 

Un succès explosif sur Instagram

Secret bien gardé et communication millimétrée, c’est tout d’abord la présence de l’égérie mondiale Pharrell Williams, posant dans les rues de Dakar et au contact de jeunes créateurs du pays, qui a enflammé les stories Instagram et suscité la curiosité des internautes sénégalais puis africains. 

Pharrell Williams aux côtés du photographe sénégalais Badara Preira

Avec le soutien de notre partenaire, l’outil de veille des réseaux sociaux Visibrain, Afriques Connectées a collecté les posts Instagram et TikTok autour du défilé, ces deux réseaux sociaux ayant été les principaux utilisés pour couvrir l’événement. 

Ce sont ainsi plus de 215 publications Instagram, ayant suscité près de 900 millions d’impressions et plus de 500 000 likes (dont près de 350 000 sur le compte Instagram Chanel) en l’espace de 4 jours, qui reviennent sur cet événement, dont un pic de publications et de visibilité le jeudi 8 décembre pour la diffusion du défilé. Près de 70 % des posts et commentaires ont été publiés en anglais, loin devant le français (15 %), pourtant langue nationale du Sénégal. Sur TikTok, les quelques 30 publications que nous avons collectées cumulent plus de 750 000 vues et 70 000 likes. 

Le teasing du défilé, posté par Chanel et visionné plus de 3 millions de fois, est la vidéo Instagram la plus likée de la séquence avec 120 000 likes à l’heure où nous écrivons ces lignes. Il s’agit de la 3ème vidéo la plus likée du compte Instagram de Chanel ce semestre, juste derrière le témoignage de l’égérie Jennie à l’issue du défilé de Prêt-à-Porter été-printemps 2023 et la vidéo des coulisses de ce défilé, toutes deux faisant intervenir des stars internationales (Kristen Stewart, Naomi Campbell, Jennie…), contrairement à la vidéo du défilé dakarois. 

Sur TikTok, c’est le post du magazine Elle Japon qui comptabilise le plus de vues, avec plus de 410 000 visionnages du TikTok de l’actrice Nana Komatsu s’exprimant devant l’ancien palais de justice. 

Premier défilé en Afrique subsaharienne, une fierté nationale exaltée sur les réseaux sociaux

Le drapeau sénégalais figure en bonne place parmi les emojis les plus utilisés dans les posts Instagram. La maison de luxe a par ailleurs confié la réalisation d’un documentaire autour du défilé aux élèves de l’école de cinéma Kourtrajmé, fondée par le réalisateur français né au Mali, Ladj Ly, et dirigée à Dakar par le réalisateur franco-malien Toumani Sangaré.

Chanel a ainsi su ancrer son défilé au cœur des talents africains en mobilisant les savoir-faire des artisans et créateurs du continent et en mobilisant la scène culturelle locale pour donner du corps et de la crédibilité à son événement, lui offrant un accueil positif, à Dakar et sur les réseaux sociaux, loin d’éventuelles suspicions d’opportunisme vis-à-vis du continent. 

L’événement est par ailleurs analysé comme le signe d’un intérêt du secteur de la mode pour l’Afrique de l’Ouest dans ce TikTok, laissant présager des opportunités d’investissement pour le futur. 

Face à un tel succès, ce défilé ouvrira-t-il la porte à d’autres événements luxe d’envergure en Afrique subsaharienne, offrant ainsi une reconnaissance légitime à un continent dont la création artistique et culturelle est mondialement saluée ? 


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#RwandaIsKilling : le caillou dans la chaussure de Kigali

Un Président à la communication millimétrée. Une stratégie de rayonnement international savamment pensée. Mais sur les réseaux sociaux monte une colère qui se structure en campagne de dénigrement de l’image du pays. Hors de tout contrôle, une parole contestataire émerge en ligne depuis quelques semaines contre des actions présumées et des jeux d’influence du Rwanda chez son voisin congolais. Retour sur ce caillou dans la chaussure vernie de Kigali.

Rwanda : une nouvelle image attractive

Sous l’impulsion de son Président, le Rwanda cherche à imposer depuis plusieurs années l’image d’un pays dynamique, fer de lance en matière de technologie, une “start-up nation” qui attire les investisseurs internationaux. Paul Kagame, dont l’image est aussi sérieuse qu’inflexible, demeure peu inquiété par la communauté internationale ou les médias sur sa gouvernance jugée autoritaire et les violations des droits humains imputées aux autorités, du haut de ses 22 ans de mandature.

Le soft power rwandais est protéiforme. À la tête du Commonwealth et de la Francophonie en la personne de Louise Mushikiwabo, le Rwanda multiplie les opérations d’influence à l’international.

La “marque Rwanda” en est un des leviers principaux : le pays promeut une image haut de gamme, au service de la protection de la nature et notamment des gorilles, à travers sa stratégie touristique “Visit Rwanda”. Dans le cadre de cette campagne, Kigali a noué des partenariats de sponsoring avec de grands clubs de football européen comme le PSG et Arsenal. Les partenariats entre les clubs et le Rwanda visent à mettre en avant les atouts du pays en matière d’économie, de tourisme et de sécurité. Le contrat avec le PSG a notamment connu un lancement en grande pompe appuyé par la présence de nombreuses personnalités politico-médiatiques franco-rwandaises. Le Rwanda vise par ailleurs à être considéré comme le hub technologique d’Afrique, fort d’un environnement des affaires favorable et de mesures propices à l’éclosion de nombreuses start-ups.

Mais le Nation branding du pays aux mille collines fait face depuis plusieurs mois à un mouvement de dénigrement venu d’internautes congolais qui entendent mettre à mal son image à l’international.

À la stratégie #VisitRwanda s’oppose la campagne spontanée #RwandaIsKilling

Si Paul Kagame orchestre d’une main de maître sa communication et le soft power de son pays, il est une chose qui lui est impossible de maîtriser : la parole sur les réseaux sociaux, d’autant plus hors des frontières nationales.

Depuis plusieurs semaines, une crise diplomatique gronde entre le Rwanda et la République démocratique du Congo, qui s’inscrit dans une histoire longue de conflits entre les deux pays. Les autorités congolaises accusent leur voisin de soutenir le M23, mouvement rebelle qui a repris de l’activité dans l’Est du pays, ce dont se défend Kigali. Les tensions montent des deux côtés de la frontière. Le 29 mai, le Président sénégalais Macky Sall, Président en exercice de l’Union africaine, appelle les deux pays au calme dans un tweet posté sur son compte.

Mais si les deux pays déroulent leur posture respective par prises de parole médiatiques et communiqués interposés, une seule vision de la situation émerge sur les réseaux sociaux.

Plus de 360 000 tweets ont été émis sur les relations entre Kigali et Kinshasa entre le 29 mai et le 28 juin, dont 117 000 contiennent le hashtag très univoque #RwandaIsKilling. Le sujet a connu un pic de visibilité les 14 et 15 juin (30 000 et 13 500 tweets/jour), journées de mobilisation digitale et physique de nombreux Congolais pour faire part de leurs inquiétudes et revendications.

Quiconque a parcouru les commentaires sous les derniers tweets du compte du Paris Saint-Germain a pu s’en rendre compte : le club de football français est systématiquement ciblé par des tweets d’internautes congolais l’accusant de soutenir les exactions du régime rwandais. Tous contiennent le même message, accompagné de visuels explicits : #RwandaIsKilling, #DontVisitRwanda. Chaque publication du club reçoit ainsi son lot de réponses véhémentes.

La campagne #RwandaIsKilling a émergé de façon coordonnée, déployée spontanément par une kyrielle de comptes authentiques souhaitant défendre leur cause. Ces comptes entreprennent un activisme digital qui s’apparente à une véritable campagne de terrain, portés par la volonté d’attirer l’attention sur leurs revendications, en s’attaquant directement et systématiquement aux canaux de communication des influents partenaires de visibilité du Rwanda.
L’objectif de ce modus operandi est double pour ces e-militants : alerter l’opinion publique internationale et mobiliser en vue de faire pression sur les partenaires du Rwanda pour mettre à mal ces contrats de sponsoring. Le tout pour affaiblir son soft power et susciter une réaction internationale ou du Rwanda lui-même.

Un détournement des codes

Parmi les éléments les plus relayés, des visuels détournant subtilement et astucieusement les principaux symboles de la campagne nationale “Visit Rwanda”. Sa charte graphique est récupérée, ses messages détournés, ses ambassadeurs sont, eux, interpellés avec insistance. Les visuels sont léchés, donnant à croire à une campagne de communication officielle et provoquant une confusion avec les vrais supports diffusés par le Rwanda et ses partenaires. La campagne entretient volontairement le doute, contrairement à d’autres mobilisations digitales sur le continent, comme #JeSuisBeni ou #CongoIsBleeding, l’opération #RwandaIsKilling ne diffuse aucune photo d’exactions, de victimes. Elle joue avec les codes du marketing pour mieux faire passer son message, s’épargnant du même coup une possible modération de la part des plateformes de réseaux sociaux pour contenu violent.

Reprenant et détournant l’ensemble des codes graphiques des images produites par les partenaires, les contenus circulent largement dans les communautés de fans très engagées sur les réseaux sociaux, elles qui sont de vraies parties prenantes de la réputation en ligne et hors ligne de leur club.

Un autre narratif avec lequel Kigali devra composer

Bien que cette campagne de subvertising digital n’ait pas réussi à mettre un terme aux partenariats de visibilité majeurs du pays – mais était-ce réellement son but ou s’agissait-il davantage de soulever la situation aux yeux du monde ? – elle constitue une véritable épine dans le pied de la “marque Rwanda”.

La force de cette opération de sape de l’image du Rwanda est qu’elle ne dépend désormais que très peu de l’actualité. Depuis son lancement en réaction à des soubresauts dans les relations déjà tendues entre les deux pays, elle agit comme un signal faible, une lame de fond dans les conversations sur les réseaux sociaux.
Atemporelle, cette campagne est également durable puisqu’elle se nourrit des éléments de soft power déployés par le Rwanda. Tout prochain partenariat de visibilité sera ainsi détourné à l’envi par ces activistes dont les mécanismes d’alerte et d’interpellation élargiront la visibilité à de nouvelles audiences, voire à l’attention médiatique – un risque d’image important pour Kigali.twitterlinkedin

Cameroun : pourquoi une taxe sur le mobile money déclenche une bronca

Le ton monte sur les réseaux sociaux camerounais contre la loi de finances 2022, entrée en vigueur le 1er janvier. Les revendications concernent en particulier une taxe de 0,2 % sur les transferts et retraits d’argent issus des portefeuilles de mobile money comme Orange Money ou MTN MoMo.  
Aussitôt mise en application, la mesure a déclenché un tollé auprès des consommateurs qui n’ont pas tardé à exprimer leur mécontentement sur les réseaux sociaux et notamment sur Twitter, où les hashtags #EndMobileMoneyTax et #WeSayNo ont été créés.

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En Côte d’Ivoire, choc et indignation après la diffusion d’une émission faisant l’apologie du viol

Un homme a été invité à simuler un viol sur un mannequin lors d’un talk-show populaire, provoquant de nombreuses réactions médusées sur la Toile ivoirienne.

En 24 heures, plus de 21 000 tweets « condamnant avec force l’émission » ont été recensés par Afriques Connectées. De nombreux artistes et sportifs ivoiriens ont eux aussi fait part de leur indignation. Certains ont d’ailleurs annoncé qu’ils annulaient leur présence prévue à des émissions de la chaîne privée.


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